Ban Pha Phuek 10 mars 2024
Publié en retard faute de wifi, et impossible de mettre les photos dans l'ordre.
Seconde semaine de notre expé. Pour le moment nous avons moins de chance que l'an dernier. Nous trouvons bien des entrées intéressantes (des pertes donc). Mais, soit les ruisseaux refusent de se diriger vers notre réseau et se terminent après quelques centaines de mètres, soit la direction est bonne et le calibre des galeries conséquent mais une coulée de calcite vient interrompre brutalement la progression.
Nous avions gardé un gros morceau pour cette semaine : Tham Pha Phuek, l'entrée la plus haute du système à plus de 1000 mètres. Un immense éboulis topographié par l'équipe australienne dans les années 90 jusqu'à -160. D'autres spéléos seraient descendus plus bas et se seraient arrêtés sur un laminoir mouillant mais sans plus de précisions.
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Topo des années 90 |
Avec Cal et Yohan nous commençons la topo. L'entrée est impressionnante. L'éboulis qui suit ne l'est pas moins. A -100 l'éboulis rejoint le plafond et la lumière du jour disparaît. Nous devons soigneusement choisir les blocs ou nous posons les pieds, Cal devant, cherche les passages. -160 : un sol de sable plat avec des traces de mise en charge de plusieurs mètres. Cal, à la massette éboule quelques blocs. Le courant d'air aspirant est impressionnant. A partir de là ça se gâte nettement. Les blocs sont posés sur de la terre et parcourus par une petite rivière. Ils se détachent à la moindre traction. Nous progressons lentement, attendant que chacun soit dans une zone dite "sure" pour avancer de quelques blocs. Puits de quelques mètres. La rivière continue.
Le reste de l'équipe reviendra les deux jours suivants et s'arrêtera effectivement sur une voûte mouillante à -230 après deux autres puits sous cascade. Des galeries remontantes fossiles sont découvertes. Elles se dirigent vers un réseau fossile supérieur que nous avons exploré la veille avec Géry et Claire. Nous nous étions arrêtés sur un éboulis craignos. Le réseau actif se développe vers le nord et non vers la "branche est" de Tham Huai Khun comme on l'espérait. La distance entre les deux dépasse le kilomètre. Une porte de plus qui se ferme.
Reprise de la prospection. Il fait de plus en plus chaud. Au fond d'une doline Claire trouve un porche effondré. L'air frais sort nettement entre les blocs. Un peu plus loin un petit ruisseau se perd au fond d'une doline terreuse. Claire furète à droite , l'air passe bien mais le passage est trop étroit. Nous allons repartir quand Géry me rappelle qu'il y a peut être quelque chose au fond. L'endroit est pire que l'éboulis de Tham Pha Phuek. Ici pas de terre ni d'eau mais des blocs bien secs posés au hasard. Le fond ne donne rien mais je trouve un passage à peu près correct sous un gros bloc. Ensuite c'est une autre histoire, Géry préfère s'arrêter. Je ne suis pas "sur" un éboulis instable, mais "sous" ou plutôt "dans". Je m'arrête sur un petit puits dont l'entrée est à moitié obstrué par une dalle. A revoir.
Dernier jour : Yohan escalade dans Tham Phae Daeng un éboulis supérieur ou je m'étais arrêté l'an dernier. Le très fort courant d'air laissait espérer un réseau supérieur. En fait il sort au bout de quelques dizaines de mètres par une entrée supérieure. Bien content de n'avoir pas à repasser par l'éboulis très instable qu'il a escaladé "la pire expérience de ma carrière de grimpeur". Le reste de l'équipe parcours le réseau actif et topographie jusqu'au bas du P16. En aval la jonction ouverte l'an dernier avec Tham Hai Khun est toujours aérée mais infranchissable (quasiment bouchée par les crues). Curieusement le courant d'air a changé de sens : Tham Phae Dang vers Tham Huai Khun l'an dernier, l'inverse cette année.
Samedi 9, nous devons ranger le matériel mais John trépigne de n'avoir pas eu le temps de revenir à notre porche effondré. La décision est vite prise : nous nettoierons cet après midi. Je guide donc Amp, John, Cal et Wacek. Ils ne sont pas plus rassurés que moi deux jours avant. Wacek baptise la cavité "Scary Cave" la "grotte de la terreur". John moins perturbé, trouve un puits parallèle au mien. Un peu plus large, donc plus instable. Il faut équiper, nous ressortons chercher une corde. Je reste au soleil avec Amp et nettoie mon matériel au ruisseau. L'équipe descend le petit puits. Après quelques blocs Cal trouve le ruisseau souterrain. Deux serpents se cachent rapidement. Ramping dans l'eau, deux désescalades et brusquement le plafond se relève : galerie de 15 mètres de diamètre ! La rivière descend sur un toboggan de 40 mètres nécessitant d'équiper. Pas le temps. Retour sans passer par le puits équipé qualifié de suicidaire mais par une escalade pas beaucoup plus sure. Pas d'appareil photo, on est vraiment venus en touristes !
Cette découverte tardive relance l'intérêt pour cette zone. Vivement 2025.
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Tham Pha Phuek (TPP) début de la topo |
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TPP entrée sous la falaise |
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Idem vu de dessous |
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Fin de la topo années 90 |
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La suite, tous les blocs nous suivent |
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Tham Pung Hung, proche de la jonction |
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Jonction TPD TPH |
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L escalade péteuse |
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Idem |
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Tham Pha Daeng |
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Un chedi, en offrande aux esprits |
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Prospection |
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Idem |
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TPH |
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TPH tentative de baisse du niveau du siphon |
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TPD |
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TPH affluent |
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TPH tentative pour passer sous une coulée |
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TPP éboulis d'entrée |
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TPP idem |
1 commentaire:
ah, ça c'est une belle fin, pleine de promesses.
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