Blog du Gruissan Prospection Spéléo
Nos sorties sont ouvertes à tout spéléo pour si peu qu’il soit assuré (assurance initiation possible) et qu’il connaisse les règles élémentaires de savoir vivre.
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SPELEO, PLAISIR, ET RIEN D'AUTRE !
Le club de Sorèze participait à une opération archéo pour dégager une église médiévale dans la forêt de la Loubatière, au dessus de Lacombe, extrémité nord ouest du département. Magali qui devait manquer d'activité à trainé un peu dans la forêt. Des dolines de soutirage parsèment la hêtraie, témoins de l'intense activité minière des siècles passés. Attirée par des affleurements calcaires elle a réussi à dénicher cette petite cavité. Je n'y croyais pas, mais c'est bien une grotte, une vraie.
Petit ressaut de 3 mètres et nous arrivons dans une belle salle.
Guidés par le bruit des voix nous progressons vers le fond. Tout n'est pas encore élargi et certains passages sont limites. Je dis à Claire de faire attention de ne pas déplacer des blocs instables. On n'a plus l'habitude de ces précautions.
Au fond Fred me montre un passage étroit entre une dalle et un plafond parfaitement plats. Derrière c'est l'inconnu. Je me précipite sans hésitation. Mais c'est une illusion d'optique, je suis loin de passer. Pendant que Fred remonte chercher une massette, j'attaque le sol avec les cailloux trouvés sur place. La roche fracturée cède facilement et je réussis à passer l'obstacle. Fred me rejoint et nous parcourons sur une dizaine de mètres, un fond de faille sans suite apparente. C'est peu mais c'est ma première première depuis 3 ans ! (hors Thaïlande)
Nous retrouvons le groupe. Jeronime, occupée à tirer des gamates, me montre un petit passage supérieur donnant accès à une niche concrétionnée. Je me hisse sur la paroi et une lame cède sous mon coude, de la taille d'un volant, épaisse d'une dizaine de centimètres. Elle se détache pour tomber un mètre plus bas sur ... le tibia de Jéronime ! Merde, j'ai bien cru qu'il était cassé. En fait elle s'en tirera avec un bel hématome. Quand je pense que j'avais dit à Claire de faire attention aux blocs !
Jéronime avait déjà pris un caillou sur la tête la semaine dernière dans la même cavité...
Nous sortons vers midi, laissant les tarnais poursuivre leur désobstruction. Dehors le vent du nord est glacé. La cabane avec le feu de cheminée n'est pas un luxe.
Bon courage aux Soréziens, ce n'est pas tous les jours qu'on découvre une cavité vierge.
Sylvain, Marc, Jean Marie + Marius et Christophe (Sorèze)
TPST : 10 heures
Il y a des jours ou tout foire, d'autres ou ça baigne du début à la fin. Ce samedi rentre dans cette seconde catégorie.
5 personnes pour creuser au fond de la faille !!! Dont 2 qui viennent pour la seconde fois. Jusqu'alors, seuls 5 spéléos sont descendus plus d'une fois au fond pour bosser. Marius m'a assuré que Christophe même s'il avait peu d'expérience avait déjà fait de grosses sorties : bivouac au fond de Cabrespine avec nous en juin et une autre cavité importante avec des puits dont il ne se rappelle pas le nom... J'apprendrai en arrivant au fond que la cavité en question était... les Cazals... Il s'en est cependant admirablement tiré.
Je descend avec mon kit et 2 nouvelles gamates, ressemblant à un sapin de noël !
Viste de la faille concrétionnée. Des photos ont déjà été publiées mais c'est pas plus mal d'en montrer de nouvelles pour motiver les vocations (photos Christophe, avec son Ipad, sans flash):
Arrivé au fond. Sylvain et Marc ont déjà tiré une paille chacun.
-190 camp de pointe avant la faille de la Pince à Sucre
Un petit sandwich rapide. Sylvain gratte au fond. Je le rejoins 3 mètres au dessus. Marc se positionne à mi faille. Marius et Christophe tire les gamates au sommet. Au début le rythme est un peu hésitant, quelques ratés, un peu comme un moteur 2 temps mal réglé. Parfois une gamate déborde et Marius crie à Marc, dessous, de faire attention. Mais que peut il faire d'autre que de rentrer le cou dans les épaules ? Il n' y a aucun ressaut pour se mettre à l'abri. Nous essuyons ainsi quelques grains passagers. Puis d'amélioration en amélioration, une poulie par ci, une poignée par là, le régime acquiert sa vitesse de croisière et les gamates s'enchainent. Jusqu'à 4 qui se suivent échelonnées sur les 12 mètres de la faille (ou plus). Sylvain en profite pour élargir le bas, dos à la suite. Je l'harcèle pour qu'il se retourne et dégage le bouchon qui cache la suite. Il finit par obtempérer. Sort quelques blocs. Le courant d'air s'amorce. Il extrait à bout de bras une lame de quelques 10 cm de large mais de grandes dimensions, bien 50 sur 100. Une floppée de blocs chute au fond avec les ricochets déjà entendus. Le courant d'air est maintenant fort comme jamais auparavant. Ce n'est pas un courant de convection la fumée de la clope de Marc sera repérable bien plus haut dans le réseau.
Et tout ça sans tomber ni massette ni burin... Quand je vous dit que la Pachamama est avec nous !
La faille est ouverte sous nos pieds. Oui, j'ai oublié de dire que Sylvain a tellement sorti de terre que maintenant on tient à deux sur le fond. Avec assez de place pour y manger !
Il sort sa botte secrète : l'endoscope préconisé par Masdan, qui ne dit pas que des conneries.
Dans la semaine il l'a testé sur lui ce qui a donné l'image ci-dessous. Il n'est pas précisé dans quel orifice l'essai a eu lieu.
Il sort donc l'appareil qui veut bien fonctionner. Et rien ne tombera, ni la caméra, ni les lasers. Rien ne restera accroché !
Résultat : sur bien 5 mètres la faille descend régulièrement. On ne peut pas voir plus bas. 15 à 20 cm de large. Son axe horizontal approche les 2 mètres. Et surtout, aucune lamé, concrétion ou bloc ne gênera la chute des gravas.Nous décidons pour les prochaines sorties de ne plus remonter les gamates mais d'agrandir la faille par des frappes chirurgicales multiples et de tout laisser tomber au fond.
En espérant :
que les gravas seront assez petits pour ne pas recoincer
qu'il y a assez de place au fond pour ne pas boucher la suite
qu'il y a une suite
Premier film de l'intégrale de la descente de la faille. C'est pas du Crochet, mais pas facile à filmer avec une frontale qui s'éteint tout le temps, la camera dans une main, et l'autre en appui (descente sans matos) :
Remontée tranquille. Derrière moi, Sylvain a du temps à perdre. Il trouve amusant de coller son kit au cul du mien...
Dans les tubes le courant d'air qui aspirait mollement le matin a pris plus de débit.
L'énergie dépensée peut s'évaluer à la proportion de jurons dans les échanges. Je progressais derrière Christophe : "putain, je suis coincé, putain... putain...."
Tout le monde sort après 19 heures. Un peu tard pour rentrer sur Toulouse Sorèze ou Arfons. J'avais prévu de bivouaquer à la petite salle à gauche en entrant à Trassanel 2 : plate, chaude et agréable.
Sylvain nous invite tous chez lui. On avait le Bar/restau à Trassanel, nous voilà avec Hôtel/restau à Laure. Douche chaude, pates à la truffe, tripes, livinière ... Le rêve !
Marc commencera à ronfler avant d'être complètement couché ! Le lendemain, chez moi, sa fille attendra une bonne partie de l'après midi qu'il se réveille.