samedi 19 décembre 2020

Une Sierra pour nous tous seuls

Sierra de Guara (Aragon)

Une semaine 

Claire, Pierre, Jean Marie + Marc et 7 autres


Fin 2020, météo pas terrible, ces confinements successifs qui insidieusement annihilent nos projets et nous maintiennent dans la grisaille monotone d'un début d'hiver.

Pour finir l'année de façon plus optimiste je vous propose ce petit film.

Semaine plus familiale que club, bien que 3 membres et demi du GPS soient présents.

Une Sierra de Guara totalement vide grâce au Corona (pour une fois).

Un groupe croisé sur tout le Véro, un guide et ses deux clients sur le Balcès. Personne sur la totalité du Péonera. Au point que s'en est presque angoissant. S'il nous arrive quelque chose nous ne pouvons compter que sur nous mêmes.

Place à l'action : soleil, ciel bleu, et eau turquoise.

Et bonne année 2021 à tous.


ou sur :

https://youtu.be/cyg9bpHHLtg

lundi 14 décembre 2020

La cafetière

Dimanche 13 Décembre 2020

Trou des Glands Trassanel

Jean Marie 

TPST : 6 heures

Foin de contes, mais le dernier article m'a remis en mémoire le Trou des Glands que j'avais oublié. Chantier idéal pour travailler seul, voire à deux.

Lever de soleil sur la plaine audoise

Sec, propre, je me vois bien passer quelques heures à enchaîner des frappes chirurgicales dans ce bas fond du Minervois.

Hélas c'est sans compter les derniers jours de pluie. La paroi de la salle supérieure suinte bien, mais pas autant que ce que je craignais. Le sol est plein de sable sur une bonne épaisseur. Je descends le boyau sous la salle en question (quelques mètres, 7 ? 8 ?). Là la paroi suinte bien plus, coule même. Le sable au dessus, saturé d'eau, percole et un petit filet mouille le fond du chantier. Je suis comme sous un filtre à café ! A part que je ne suis pas sûr qu'il y ait un bocal vide en dessous, et que le café en question est plus que froid. l'endroit est étroit et je me retrouve vite entièrement couvert d'une boue glacée. Oublié le confort. L'an dernier exactement à la même époque (AG du CDS) je m'étais pareillement congelé à Béranger.

Sous la botte : fond du chantier

Le fond est bouché. C'est assez désespérant de creuser à l'aveugle. En désob, le moteur ce n'est pas les certitudes mais l'espoir. Et là il n'y a pas grand chose pour fantasmer. Si ce n'est la situation de l'entrée. Je vide les débris des derniers tirs et la tête en bas, à la parisienne. Je dégage un minuscule pertuis de la taille d'une bonde de lavabo. L'espoir renaît. Le filet d'eau (débit approximatif d'une cafetière) s'y écoule avec un joli bruit signant un vide en dessous. Courant d'air ? Pas net, mais la température extérieure proche de 13° n'aide pas.

Il est vite évident que le travail tête en bas ne sera pas très rentable. Je me résous donc à passer la séance à créer une petite poche de retournement. Assez efficacement d'ailleurs. Le calcaire bleu se travaille très bien. Les gaz disparaissent en quelques secondes. 

Il reste encore une intervention sur la paroi de gauche pour pouvoir se mettre à genoux au fond et travailler la suite. En me retournant après une dernière plongée tête en bas, j'aperçois un petit orifice à mi pente. Pas d'air, mais j'arrive au burin, à creuser une petite goulotte qui draine les écoulements et permettra j'espère d'assécher le point bas. 

A retravailler. Par temps sec.

Petite bière au PC, seul estaminet qui reste ouvert même par ces temps de prohibition.

Pour une fois, la journée ne s'arrête pas là. Au pont de l'Orbiel : barrage de gendarmerie. Un véhicule coté Lastours,, un autre coté Carcassonne. Des flics partout, des voitures contrôlées... 20,84 kms de mon domicile, j'espère qu'ils ne vont pas me faire un fromage pour 800 mètres. Le problème c'est que je n'arrive pas de la bonne direction. Deux types se rapprochent. Je cherche sous le siège mon attestation papier et m’apprête à négocier. 

"Bonjour, pouvez vous ouvrir votre coffre ?" Je ne m'attendais pas à cette question. J'aurais du les regarder plus attentivement : la soixantaine, grisonnants, sans uniforme mais avec un gros brassard vert floqué "police environnementale". 

"Vous venez de la chasse ? " J'ai la tête couverte de glaise. 

"Non, de la spéléo"

"Ou ça ? Qu'est ce que vous avez récolté ?"

Sur le moment je ne comprends pas la question. A part de m'être caillé et pourri le matériel je n'ai pas récolté grand chose. Je dois avoir l'air ahuri.

"Oui, comme minéraux ? Qu'est ce que vous avez pris ?" Là je crois que je m'énerve un peu et lui assure que ce n'est pas vraiment notre occupation.

"Si je fouille vous me promettez que je ne trouverai rien ?"; Une seconde j'ai envie de lui dire de fouiller. Vu l'état des affaires ça pourrait être marrant. Puis j'aperçois le perfo et surtout les tubes de pailles. Dont un est débouché et laisse sortir un dispositif...

Si je veux prendre un bain bouillant rapidement ce n'est pas le moment de faire de l'esprit. Je promets tout ce qu'il veut, le félicite d'être au courant du trafic de minéraux et de son action de contrôle. Et avec son accord, je file aussitôt vers ma zone de déplacement autorisé.

Manière originale de clore cette période confinée.



lundi 7 décembre 2020

Conte de Noël

Décembre 2020,année pourrie qui s'achève. Point de sorties, ni de comptes rendus.

En manque d'écriture, faute de faits réels, je passe à la fiction.

Mais quel est cet être, longiligne et vigoureux qui arpente la garrigue tout de bleu vêtu ? Vous l'avez reconnu, c'est bien le Grand Schtroumpf. Son compagnon le suit de près, tous deux chargés de hottes de la même couleur.

Que font ils au milieu de nulle part ? Suivons les. Ils se dirigent vers une petite cavité au fond d'un vallon. Inondée, boueuse et froide la saison dernière, la grotte est actuellement bien sèche. Le courant d'air fortement aspirant, ce qui est normal par ce froid matin d'hiver, les accompagnera toute la journée. Il a séché toutes les parties habituellement humides. Du coup la progression est particulièrement agréable et propre ; au point qu'en ressortant le Grand Schtroumpf déclarera, pour une fois n'avoir pas besoin de bain.

On peut d'ailleurs se demander ce que fait cette habitante en plein courant d'air alors que les niches douillettes abondent. Passage sur la pointe des bottes pour ne pas la réveiller (même au retour). C'est pas délicat ?


Bon, je ne vais pas taper "Grand Schtroupf pendant tout le conte, appelons le "S" pour simplifier.

S laisse son comparse s'engager dans la cheminée qu'il n'a pas encore pu visiter. Pendant les mois précédents S a bien agrandi le tube. Il monte donc. Il laisse pas mal de forces dans le premier rétrécissement et arrive au petit tube horizontal ou il peut retrouver un peu de souffle. Par contre la suite est infranchissable : plus d'un mètre, extrêmement étroit, lisse comme un miroir sur toute la circonférence. Aucun appui pour poser les mains, quant aux pieds l’exiguïté du lieu interdit de fléchir les genoux.  Il tente, souffle, se hisse un peu, redescend un peu, épuisé et commence à songer à renoncer. Un sursaut d’orgueil, l'idée de passer la corde qu'il monte à travers une lucarne 30 cm au dessus des mains. L'obstacle est passé. Au dessus, c'est pas bien grand mais nettement mieux. Le tout est beaucoup, beaucoup plus étroit que le puits de la Pince à Sucre. Le fait que lors de la découverte son fils avait fait l'escalade avant tout travail d'élargissement le laisse rêveur.

Description des lieux :

En bas : pas très large

Au dessus à droite, des blocs...

Au dessus... des blocs

En face : l'arche : petite lucarne agrandie par S dans les semaines précédentes. Ce qui n'a pas du être facile (la paroi est étroite). Le résultat est parfait.

De l'autre coté de l'arche, à l'horizontale : le "triangle noir"
tous nos espoirs !

L'arche sert aussi de point d'encrage

Puisqu'il est allé voir il en profite pour hisser le kit et percer un gros bloc gênant le passage. Testant la technique dite "thermorétractable" initiée par son collègue voisin et néanmoins ami de la vallée suivante. Vu la difficulté pour arriver sur les lieux ce n'est pas le meilleur endroit pour faire des expériences. Descente facile. Déclenchement sans problème. Mais la ligne est hors d'usage. 

Au bas S ironise : c'est le tir le plus long... Et monte aussitôt vider les déblais. Le bloc est bien coupé en deux, mais les morceaux restants sont encore très gros. S essaie de les réduire à la massette et les jette dans la cheminée. Ce qui devait arriver arriva : un bloc mal calibré se coince dans la partie étroite. 

Vu de dessous

de plus près...

S est au dessus avec le matériel mais peu de place pour se mettre à l'abri, son collègue dessous mais sans aucune possibilité d'intervention, si ce n'est d'aller chercher de l'aide. Ils auront l'air malin. Coups de massette, de pied, rien n'y fait. Il faut se résoudre à faire parler la poudre :


S descendu, nouveau changement. Cette seconde montée est plus facile. Déjà le fait de l'avoir fait une fois change l'abord psychologique de l'épreuve et en plus le corps a déjà mémorisé les prises. La corde fixée à une arche douteuse aide bien aussi. Un autre aller-retour et S perce le bloc défendant l'accès au triangle. Mais qui tient peut être aussi le "plafond"  de ce petit espace. Nouvelle destruction de ligne et personne ne remontera voir l'effet.

Au terme de cette petite journée, la cheminée est déclarée franchissable. L’alcôve derrière la lucarne est pénétrable. La totalité de l'air remonte dans cette alcôve. Si le chantier se poursuit il sera possible de stocker dans le "plancher" : trémie avec (beaucoup trop) d'espace vide. Le déclenchement pourra se faire du haut de la cheminée ce qui évitera les fastidieux allers retours. Le tout est de savoir si les lieux seront assez surs pour s'engager au cœur de la trémie...

Ce sera une autre histoire...

PS : les schtroumpfs n'ayant pas de montre ils ne savent pas combien de temps ils sont restés dans cette galère. Certainement moins de 3 heures ? Peut être plus ?