jeudi 31 octobre 2019

La Pétole

Dimanche 27 octobre 2019
Trou de Béranger Trassanel
Sylvain, Pierre, Claire, Jean Marie et Eva
TPST : 7 heures

Tout d'abord séance de ré-initiation pour Éva qui n'était pas revenue sous terre depuis quelques années.


A l'aller l'araignée est passée inaperçue. Pas au retour, quand elle a vu l'attroupement d'arachnides divers, Éva est ressortie comme une balle.





Le ramping ne posant aucun problème, ni la désescalade du ressaut tout le monde se retrouve sous la trémie. Là Claire et Éva repartent ; c'est pas vraiment un lieu très sain pour des débutants. 



Nous poursuivons vers le fond. Pierre et moi, nous nous attaquons aux points (3) bas. Tout est colmaté. Pas un souffle d'air. Au moins c'est réglé.



Sylvain, lui commence le démontage d'une cheminée, seul passage dans une roche saine. Situé juste a au dessus de nous, son chantier nous vaut des averses de grêle régulières. Tout fonctionne à merveille. Puis un raté. Et un second. Pourtant les dispositifs sont de la même série.
"Vérifie la ligne !" 
Ça n'a pas raté : tirant par en dessous un bloc à sectionné le câble. Ha ces débutants !!
Après avoir terminé nos bas-fonds nous le rejoignons. Le pauvre est déjà en piteux état. Pour purger ses tirs il agite le pied de biche par en dessous aux dépends de son visage (voir photo plus loin). Il a bien essayé de remonter le conduit mais la longueur des tibias et fémurs et leur manque de plasticité empêche la grimpette. Pierre jette un coup d'oeil et je ne sais pas ce qu'il lui a pris mais il tente sa chance. Il demande à Sylvain de lui bloquer les pieds, monte sur ses épaules puis sur le casque et en prenant un appui conséquent réussit à se faufiler dans le tube. Sylvain était rentré avec un torticolis, il ne s'en est plus plaint au retour...

Les effets du monoxyde sans doute :


7 à 8 mètres d'escalade puis la cheminée est bouchée par des blocs (trémie ?). Seul intérêt : en descendant Pierre repère un diverticule horizontal dans lequel il s'engage. Étroit mais pénétrable. Au bout de 2 mètres une lame latérale bloque le passage. Derrière ça continue.

base de la cheminée
Et le courant d'air dans tout ça ? La cata !! Quasi inexistant dans les tubes d'entrée, on ne l'a retrouvé nulle part dans le trou. Les conditions météo (15° et vent d'est modéré) expliquent certainement cela. Il n'y a plus qu'à attendre quelques semaines pour revenir en période froide. Normalement le trou devrait souffler. Le seul objectif qui semble présenter un intérêt est le tube découvert par Pierre.




WANTED



lundi 21 octobre 2019

Béranger : Salle Comble !

Samedi 19 Octobre 2019
Trou de Béranger Trassanel
Alain, Philippe, Guillaume, Claire, Jean Marie  (+Sylvain)
TPST : 6 heures

Tout le monde ou presque est là pour la visite de notre faille. Sylvain, égaré au fond de quelque cuve, manque à l'appel.
Vent d' Est / Nord Est assez fort. 18 à 20° dans la journée.
Le nombre conséquent permet de vidanger les dernières poches de gravats. J'en profite pour élever le plafond du ramping avant la Salle des Bas-reliefs, supprimer un becquet au dessus du Cloaque des Ragondins et éliminer une lame pénible dans le Conduit du Pomélos. Autant d'élargissements, reportés en attente de la découverte d'une vraie suite, mais qui s'imposent maintenant. Que des succès, ces temps ci, le calcaire est avec moi.
L'équipe, parfaitement efficace et rodée, chacun à son poste laisse le chantier impeccable. Alain sera le dernier à ranger les blocs au fond de la faille. Presque une pointe de nostalgie ?
Courant d'air souffleur cette fois, très faible, même dans le conduit.
Nous arrivons tous à la faille découverte la semaine dernière. 

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Alain escalade la trémie, Guillaume s'enfile vers le passage entrevu. Il n'y a pas de place et de travail pour tout le monde, mais midi approchant, Philippe, Alain et Claire repartent vers Trassanel.

Guillaume tel un ratier (Jean Claude dira "un blaireau") attaque le passage terreux remontant. Je pensais détruire la voûte mais le sol se prête bien au creusement. La terre vole, les petits cailloux ricochent contre les parois. Une telle énergie ! On voit bien que ça lui manquait !
Rapidement le passage est ouvert, je le rejoins. J' avais vu un couloir de 2 à 3 mètres de long, large de d'un mètre et haut de deux. En fait la faille se poursuit toujours vers le nord, assez large, descendante (des cailloux jetés dans un point bas rebondissent sur une dizaine de mètres), 



parfois remontante (Guillaume arrivera au sommet de l'éboulis, assez proche du point atteint par Magali vendredi dernier). Aucun courant d'air net. Ou creuser ?

A la recherche du courant d'air

De toute façon nous devons tous les deux rentrer tôt et il n'est pas question d'attaquer une désob sans Sylvain.
Nous mangeons nos sandwiches en dessous du ressaut (il va falloir trouver des noms) et ressortons tranquillement. Dans la seconde salle de la partie "historique" je désescalade en cherchant du bout du pied le fer à béton que j'ai planté à l'aller (ce passage est particulièrement glissant par temps de pluie). Soudain je sens un tentacule agripper ma cheville et me tirer vers le bas ! J'ai crié avant de pouvoir analyser ce qui se passait. Le cerveau est un peu lent parfois. Pour trouver Sylvain, hilare, caché sous une coulée. Débarrassé des obligations familiales il nous avait rejoints. Nous remontons avec Guillaume après avoir confié à Sylvain burin, marteau et briquet. Le récit de ses observations suivra en commentaire.

La vidéo du jour :



dimanche 13 octobre 2019

Béranger : la vidéo

Vidéo du passage de vendredi dernier que je n'avais pas eu le temps de mettre sur le blog :



Nuit blanche à Belvis

Samedi 12 Octobre 2019
Aven SP4 Belvis
Guillaume, Michel, Jean Marie + 30 autres + pompiers etc...
TPST : 7 heures

Exercice secours assez rondement mené. Civière démarrant de -150 (?) vers 18 heures et sortie à 4 heures du matin. Pas le temps de prendre des photos, dommage le trou est assez esthétique, sec, très propre. Petits puits successifs. L'équipement de progression doit dater de la découverte... mais il a bien vieilli. J'ai même planté un spit (et demi) ; le dernier c'était en 2006. Seul regret : un coude du méandre se serait bien prêté à une démolition. 
C'était pas au programme et la victime est miraculeusement sortie de la civière pour passer l'obstacle !

samedi 12 octobre 2019

On l'avait dit, on l'a fait !

Vendredi 11 octobre 2019
Trou de Béranger, Trassanel
Magali (Sorèze), Eric (Lavaur) Jean Marie
TPST : 7 heures

Plusieurs invitations ont été lancées. Pour être efficace il fallait être 3, ou 5 ou plus. Ce sera 3.
Conditions : vent marin (est ; pour les étrangers) modéré et assez régulier. Température extérieure entre 15 et 20° dans la journée.



Le temps qu'Eric et Magali trouvent leur place au fond du tube, je bourre à l'entrée après le cloaque, les 2 trous laissés libres lors du dernier passage, faute de munitions. La roche est bonne pâte, l'effet conséquent. Le virage peut maintenant se prendre sans aucune manœuvre ; on peut se jeter dans le tube à la vitesse de l(éclair.
J'arrive sur le pont rocheux à mi ressaut. Mes collègues évacuent les gravas de la dernière séance en solo. Et là je tente un procédé novateur : le trou percé dans le pont ayant traversé (2 tentatives) j'enfonce un bouchon tenu par un fin petit câble. Juste avant que celui ci ne ressorte je le maintiens en place, j'enfonce des bourradous convenablement tassés (ni trop pour ne pas faire ressortir l'ensemble, ni trop peu pour que l'effet bouchon soit efficace), puis l'objet contondant et enfin des bourradous comme d'habitude. Journée bénie, le procédé (je vais breveter le bouchon) a fonctionné admirablement. Le pont gise presque en un seul morceau sur le pont suivant. C'est là que Magali donne la mesure des on efficacité. Moi au fond c'est les pieds ou les mains mais pas les deux. Elle peut descendre, se baisser sans problèmes, ficeler le pont et le faire décoller. Je le hisse au sommet du ressaut et me prépare pour récidiver sur le second obstacle. "Mais je passe moi, je vais aller voir" me déclare t-elle. Quelques bruits de blocs plus tard je l'entends s'époumoner "C'est passé, je suis debout c'est grand je vois sur plusieurs mètres de chaque coté !!!!"
Elle remonte en un clin d’œil. Je la remplace; je ne risque pas de passer. Perçage du second pont. Fine lame que la mèche ne traverse pas (quand ça veut...). Retour à la salle des sculptures pour manger un brin et décider de la date (commune) pour faire la première avec tous ceux qui ont creusé.

Aussi fort que Jean Claude pour transporter une banane et  la ressortir intacte

Hélas, prétentieux que nous fumes, la suite n'est pas gagnée.
Retour au pont qui s'est brisé mais resté en place. Ce qui permet l'évacuation de presque tous les morceaux. Magali descend et nettoie le bas du puits (4 mètres). Heureusement, sinon je ne serai pas passé sans détruire le rebord inférieur. 
J'avais imaginé de retomber sur la suite de la galerie d'entrée...
Je découvre la "suite" : paroi (à gauche) qui se dirige vers le nord '(en plein massif), visible sur plusieurs mètres. Éboulis à droite laissant une ouverture de 2 à 3 mètres. 



Bas du "puits"

Blocs de toutes tailles mal tenus par de la terre sèche. au bas la paroi descend avec un peu de noir sous les blocs. Nous passons une heure à dégager vers le bas, mais rien n'est évident et il n'y a pas d'air. Escalade de l'éboulis. En haut un bloc empêche l’accès au sommet. "Si tu les sors, je passe" dixit Magali. Vu le plafond ou des cailloux plantés dans la terre attendent le moindre frôlement pour se détacher je suis pas trés chaud.
Exit le bloc, Magali monte (je sais que je suis trouillard mais il me semble que c'est une prise de risque maximum). C'est compter sans la légèreté de l'animal ! Elle se retrouve sur l'éboulis, tapissé de terre sèche. Une cheminée remontante aérée et étroite assure la ventilation.
Je me garde bien d'aller voir !
Comme je n'ai pas très envie que ce soit "le" passage, je cherche autre chose au milieu des blocs. La suite de la faille semble ventilée. Étroit mais désobable et on à la place de stocker pour 2 ou 3 séances.



Enfin, on aura plus à tirer les gamates sur l'infâme conduit des Pomélos...
Pour la fin : le courant d'air ? Amorcé vers 10 heures, très fort pendant toute la journée. Mais dans quel sens ? Et pourquoi ?
C'est une chose d'expliquer de manière rétroactive le pourquoi d'un phénomène c'en est une autre de le prédire. Les conditions météo sont données en début d'article. J'attends les interprétations.

Vidéo de la journée à paraître dans le WE.





dimanche 6 octobre 2019

JNS 2019

Samedi 05 Octobre 2019
Trou du Calel (Sorèze 81)
Claire, Jean Marie
TPST : 3 heures

Comme l'an dernier on a donné un coup de main à nos amis Sorézois.


Occasion de revisiter le Calel. 
Le sol est tellement usé par les passages que notre progression tenait parfois de la "Marche de l'Empereur". Et malgré quelques vols parfois spectaculaires tout le monde est ressorti à peu près sain et sauf.











vendredi 4 octobre 2019

Yashasin Ouzbékistan


Du 4 au 25 Septembre 2019
Jean Pierre G, Noël C, Claire, Jean Marie


Pas une expé spéléo, pas vraiment de la prospection, plutôt voyage de découverte sur des karsts d'altitude. Au départ j'avais projeté une virée sur les sommets calcaires au nord de Téhéran, mais de copains spéléos en connaissances plus lointaines je suis tombé sur Jean Pierre (ancien Président de la région MidiPy) que je ne connaissais pas et son ami Thierry qui projetaient une virée en Ouzbékistan. Spélunca m'avait fait rêver avec les articles sur Boï Bulok. C'était OK pour cette destination.
4 jours avant le départ Thierry déclare forfait pour raison de santé. 4 jours pour trouver un remplaçant ? Impossible ? En une demie heure le remplaçant est trouvé : Noël se joindra à nous (après quelques hésitations sur le niveau de sécurité des zones).
Ce premier incident aurait du attirer notre attention. Tout le voyage sera une succession de situations imprévues et incontrôlables.

Nous arrivons de nuit à Tachkent, accueillis à notre arrivée par le responsable de l'agence trouvée sur le petit futé, Cholmurat. On donne les dollars ; pas de reçu. On aura un guide francophone demain...
Effectivement Aslidin vient nous retrouver à l’hôtel.



Il est parfaitement francophone, professeur et guide culturel  à Samarcande et Boukara. Il connait l'histoire, l'art et la civilisation de son pays mais n'est jamais vraiment allé en montagne. Il n'a qu'un petit baluchon, pas de duvet. Il se souviendra longtemps de sa première nuit à 2600 mètres. Claire lui apprendra une expression qu'il trouvera souvent à employer... "J'en ai marre !"


Visite de Tachkent.

Tamerlan a remplacé Lénine, héros nationaliste incontournable dans cette période post soviétique

Le soir nous arrivons à la gare pour le train de nuit qui nous amène vers le sud à une cinquantaine de kilomètres de la frontière afghane. Aslidin cherche les billets dans son sac. Pas de billets. Il détale, saute dans un taxi... Nous voilà plantés ! Demie heure après alors qu'il ne reste que quelques minutes avant le départ, il arrive à bout de souffle avec les billets qu'il avait oubliés à l’hôtel...

Train de nuit pour Baisun
Arrivée le matin à Baisun. Nous sommes accueillis par Louis (il a un nom tadjik imprononçable). Il est notre cuisinier. Mais il parle tadjik ce qui s’avérera indispensable dans cette zone ou les bergers ne parlent que cette langue, anglais et un peu français. Il sera le pilier de notre équipe.



Nous découvrons également Boris...



Citoyen ouzbek, ami de Cholmurat, il habite Tachkent. Il est russophone, ne semble pas parler ouzbek. Nous ne savons quel rôle il joue. Touriste qui s'est greffé à notre groupe ? Observateur des spéléos russes pour voir ou on va farfouiller ? Au bout de quelques jours nous finirons par comprendre qu'il est notre guide de montagne. Il a été dans cette zone il y a 26 ans... Et que dans une petite partie. Au mieux il ne se rappellera de rien, au pire il se rappellera et ... nous plantera systématiquement !

Départ dans 2 vieilles jeeps russes vers les falaises du Kugitan. Extrémité la plus occidentale de la chaîne des Tian Shan.




Plus de 300 mètres de verticale. Plus de 1000 mètres entre la crête et le fond de la vallée. Le tout sur plus de 50 kms
La crête marque la frontière avec le Turkménistan. Le plateau coté Turkmène est une réserve naturelle avec un petit Lechuguilla asiatique de plus de 50 kilomètres, des canyons des traces de dinosaures. L’Afghanistan est tout proche. Nous devons y passer 3 jours pour repérer des porches au bas de falaises (j'avais vu des photos sur Panoramio avant sa suppression). Nous sommes déjà dans une zone à autorisation spéciale mais en plus il faut attendre l'accord de l'armée. En attendant un villageois nous invite à partager son repas.

Repas pris sur la takhta, sorte d'estrade servant de lieu de repas, de discussion, de couchage. Prohibitif pour les genoux occidentaux.
La réponse arrive en fin d'après midi : c'est non. Un cadavre a été découvert récemment et un villageois a disparu. Rumeurs d'infiltration de talibans à travers la frontière. Notre sécurité n'est pas assurée. Retour à Baïsun le soir même. Ça commence bien. Ça fait 2 fois cette année que je me fais refouler d'une zone frontière.

Le lendemain départ vers notre second objectif : la zone de Boï Bulok. Cavité explorée par des équipes russes, italiennes, françaises. Profondeur 1400 mètres. Une autre cavité au dessus fait -700. Depuis 3 ans les expés se succèdent pour jonctionner et donner la 3° cavité mondiale.


On reprend nos jeeps
Comme il n'y a plus de chemin on roule directement dans le lit du torrent
Résurgence de Boï Bulok vers 1450 mètres


Après une demie journée de jeep dans des pistes plus que limite on arrive au village de DiBala, au pied de la falaise. 

Plateau de BoÏ Bulok. Le village de Di Bala est dans l'angle en bas à droite
Nouvelle invitation et discussion sans fin entre Louis et notre hôte (sur le prix des mules). Tout à coup tout s'active, les mules sont chargées et nous partons.


Il va falloir monter ça :


Finalement ça passe bien

Nous passons sur le plateau, arrivons à la prairie ou les spéléos russes avaient établi leur camp de base. Nous poursuivons. La nuit tombe. En demie heure la température chute de 20°. Nous quittons le chemin pour gravir une dalle calcaire inclinée bordée par un canyon. Les mules commencent à glisser. Il faut les soutenir pour ne pas qu'elles tombent dans le ravin. Nous arrivons à la source de Boï Bulok :

Entrée de Boï Bulok

Il n'y a aucun endroit plat pour mettre les tentes. Jean Pierre s'inquiète des mules qui filent dans la nuit. Il est le seul. Les muletiers essaient de terrasser avec des bâtons... On se caille et on a faim. Nos guides et les muletiers commencent à s'allumer. On a su plus tard que ces derniers étaient pressés de nous laisser et de rentrer au village. Un d'eux s’aperçoit que les mules ont disparu dans la montagne avec tout notre chargement ! Nous voila dans la brousse (buissons épineux d'un mètre de haut), à la frontale, dispersés dans la nuit à la recherche des bestiaux. Pas si cons que ça d'ailleurs, ces bêtes : on finit par les retrouver non loin de là sur un petit mamelon herbeux qui sera un lieu de camp parfait. Trop tard pour faire la cuisine (au feu de bois ou plutôt de brindilles). Aslidin propose un repas léger. Ce qui veut dire : rien du tout. Concept qui se renouvellera...


Les deux jours suivant ont été plus tranquilles. Normaux dirais je.
Ascension vers la crête à 3500 mètres. Le point culminant est à 3700 m mais loin vers l'est.




Retour au camp en descendant un des multiples canyons :


vers 3000 mètres

Enfin un vrai repas :

le Plov (plat national)
Et le thé


Le lendemain : prospection le long des canyons avec repérage de 2 entrées ventilées. Avec Jean Pierre nous ne résistons pas, malgré notre tenue légère, à l'envie de parcourir l'entrée de Boï Bulok :

A l'entrée, ramping dans la bouillasse. Ça ne change pas de ce qu'on a ici.
Plus loin ça devient plus étroit et gratoneux. Poursuivre sans combi c'est ressortir à poil !

Le séjour sur le plateau se termine. Demain les mules doivent être là à 7 heures. A vrai dire on n'y compte pas. 7h03 elles sont là !!!! Avec le chien, oreilles et queue coupées pour ne pas servir de prise aux loups et aux ours...


Longue journée. Retour à Di Bala. De là nous suivons la rivière vers le sud.



le paysage se ferme


Après 10 heures de marche nous quittons le canyon par un chemin à encorbellement et traversons un plateau immense sous les rayons du soleil couchant. Magique. Arrivée de nuit dans... un village balnéaire. Takhta, plov et repos bien mérité


Résurgence d'eau sulfureuse
Avec Jean Pierre nous remontons la cavité de la résurgence. Pieds nus puisqu'on rentre par une mosquée... Atmosphère tiède et suffocante. Une galerie fait suite à une salle ébouleuse. Le sol est très érodé et le ramping pieds nus et en short nous incite à ne pas aller plus avant.

Journée de repos à la ville du coin : Denov. Le taxi est bondé. Noël et Claire derrière, des sacs partout et moi devant. Ce qui n’empêche pas le chauffeur de prendre un passager de plus qu'il installe à sa gauche... pas grave il s'assied lui même sur le levier des vitesses... Sur le bord de la route une jeune fille fait signe. Je me pousse vers la portière pour lui laisser un peu de place mais le chauffeur ne s'arrête pas ; ne pas me gêner ou ne pas se mélanger avec l'impur ?

Dernière partie ; traversée du Sourkhandaria au sud vers le Kashkandaria :





Résurgence de Sargandak extrémité nord est du plateau de Boï Bulok


Résurgence est du plateau suivant (celui du Dark Star)
Nuit chez un berger
Départ pour passer le col. Pas de chemin, 1500 mètres de dénivelé. Pour seul repas on grignote quelques raisins secs, on mangera plus tard.

passage du col à 3500 m
Porche qui ne figure dans aucun rapport d'expé. Altitude 3600 m. Potentiel : plus de 2000


Il y a longtemps qu'il ne nous est rien arrivé... Au col le muletier se barre avec les mules et nous laisse en plan avec les sacs...


On laisse Aslidin à la garde du matériel et nous descendons vers la vallée. Le vent s'est levé et il fait un froid du diable.


Heureusement nous arrivons chez un berger (Askar) qui nous accueille. Nous n'avons rien à manger (c'est resté au col). Il vient de tuer une chèvre et nous fait partager le fricot en nous priant de prendre les meilleurs morceaux : les plus gras en frottant la graisse fondue avec le pain qui date de plusieurs jours. Pendant que sa femme traverse la cour avec la tête sanguinolente de la bête... Il y a bien 3 mules mais sa femme et sa fille descendent dans la vallée vendre le reste de la chèvre... Il ne reste plus qu'une mule... Et malgré les appels passés depuis le bureau il n' y en aura pas d'autre :


Louis se sacrifie et part avec l'animal. Il ne rentrera qu'en milieu de nuit avec Aslidin congelé et la moitié des affaires. Ils ont eu peur de rentrer de nuit avec la viande et le miel (les ours...) et ont laissé les provisions dehors... Ce qui diminuera drastiquement nos repas futurs...

Le lendemain nous gagnons le col qui mène au canyon de la grotte de Tamerlan. Le vent est permanent mais le coin est magnifique avec vue sur les sommets à 3900 (calcaires) le Chim Boï


Grotte de Tamerlan




Boris nous guide. Il laisse la grotte et descend le canyon à travers pierriers et ronces. Noël qui n'aime pas trop bartasser commence à tiquer. Boris est sûr : la grotte de Tamerlan est plus loin. Je le suis jusqu'à un repli de calcaire grisé qui pourrait annoncer un porche. Mais rien. Les parois s'écartent, il est clair que même si la grotte est plus loin on en aura pour des heures. On décide de faire demi tour. Borris continue. On se partage quelques raisins secs et un peu de miel...

En une heure on arrive au porche qui bien entendu est la grotte que nos cherchons. Étrange tube horizontal de bonne section que nous avons suivi sur plusieurs centaines de mètres. Bien antérieur au ravin  il s'est trouvé extériorisé quand le canyon l'a coupé détruisant tout l'aval. Boris, penaud nous retrouve un peu plus tard.

Je ne sais pas s'il existe une topo. Certains passages sur le coté nord mériteraient une escalade. Un collecteur de cette taille à 2600 mètres avec 1300 mètres de potentiel au dessus laisse rêveur.






fin de la première partie. L'étroiture a été désobée. Derrière, Louis nous a dit qu'il y a une grande salle avec un lac (siphon ?). Mais on n'est pas équipés pour et on n'a pas le temps.


Si une équipe spéléo revient sur place une exploration plus poussée semble indispensable.
Retour au camp pour la soupe de lentilles...

Avant dernier jour. Nous attendons des mules. Le vent est froid. J'ai la crève et je reste couché au soleil... J'attends jusqu'à 10 heures et si elles ne sont pas là j'essaie d'exciter le mouvement et de démarrer en laissant le matériel à la garde d'Aslidin... 10 heures, pas de mules. Je me lève, et me dirige vers les guides.  10h03 les mules arrivent... Longue étape monotone sur des crêtes ventées. 
Arrivée à Zarmas en fin de journée. On est tous crevés et affamés.


Surprise inimaginable : le villageois chez qui on loge a construit une petite pièce avec un poêle à bois. 40° et un seau d'eau chaude ! Le bonheur !

Dernière journée. Descente du canyon vers Tatar. 12 km de chemin magnifique entre falaises et torrent :


Nous passerons les 2 jours suivants à Langar. Repos, petite rando pour Noël et Jean Pierre. Claire est cuite et moi malade.

Tissage d'un tapis de mariage



Au total ce trek nous laissera des souvenirs exceptionnels. Rien à voir avec un circuit touristique. Aucun occidental n'avait parcouru cette zone à part quelques fonctionnaires russes et les spéléos sur la zone de Boï Bulok. Sur la partie "traversée" pas de chemins, des paysages immenses entre falaises et canyons, des porches perchés à plus de 3500m, l'accueil des bergers, l'improvisation permanente...
On oubliera vite le manque de nourriture. J'ai perdu 4 kg en 10 jours, Noël 5 (il n'aime pas la chèvre)...
Heureusement qu'on était tout les quatre  accoutumés aux situations difficiles de fatigue et d'endurance. Avec un groupe de touriste ce serait certainement vite parti en vrille...

Visite de Shakhrisabs, 
L'esprit de Cholmurat continue de nous harceler : 22 heures j'étais au lit, tranquillement en train de lire, quand Claire m'appelle à la salle de bain : le mitigeur lui est resté dans les mains !


L'hôtelier a certainement un diplôme de plomberie. Il se charge immédiatement de la réparation :


Derniers jours dans les ruelles de Boukara :




Et le choc visuel de la place du Régistan à Samarcande :