Le 21 mars 2023
Traversée Cannac-Airolles, Cabrespine
Emile, Sylvain
TPST : 7h
Après plus de 2 mois d'inactivité, je tente une reprise en douceur.
Je suis depuis longtemps intrigué par le fait qu'on ne voit jamais de comptes-rendus sur cette traversée qui figure pourtant comme une cavité majeure du Minervois, et qui sur le papier a l'air très alléchante.
Je crois que j'ai compris pourquoi!
La journée a mal commencé, ce qui aurait du m'alerter sur ce qui nous attendait. Arrivés chez JC pour récupérer du matos (d'ailleurs inutile!) je me rends compte que j'ai oublié la lampe d'Emile. Et un aller-retour!
De retour au bas du Pémol je m'aperçois cette fois que je n'ai pas mon smartphone avec moi. Dommage, j'y avais pointé l'entrée du trou!
La flemme de repartir, on va le tenter à l'instinct. Et là, gros coup de bol, on tombe pile dessus, 100 m au dessus d'Airolles, en plein sur la crête, comme bien indiqué sur la topo.
Ce que la topo ne précise pas par contre, c'est que la première chatière ne laisserait pas passer mon chat (certes très sédentaire). Emile s'engage en premier et je le suis, bardé de tout mon matos accroché au baudard, mon gros kit longé derrière moi, et surtout tête la première, car Emile m'annonce que çà remonte derrière. Grosse erreur! Le passage est vraiment étroit et je ne le sens pas de passer en force. Je veux faire machine arrière mais mon kit, coincé sous mes cuisses m'empêche de remonter à reculons et je ne peux pas le repousser. Je reste presque 10 min planté là, en essayant d'enlever mon baudard, pendant qu'Emile, venu à ma rescousse creuse sous moi.
Nouvelle tentative...çà passe. Pendant un moment on se demande si on doit continuer étant donné que cette étroiture n'était pas annoncée comme redoutable...Mais comme j'ai pas envie de la passer dans l'autre sens...
La suite est d'abord plus tranquille. Premier puits en désescalade dans un méandre étroit, puis on équipe les 2 suivants (d'une dizaine de mètres chacun) avec la corde en double, pour finir dans la grande salle du Cannac. On laisse les kits et on part pour une visite des Grands Canyons. C'est beau!
Petit casse croûte et on se motive pour le passage crucial: les fameux "boyaux à la Mas", 71 m (d'après le compte-rendu) de très étroit qui lient le Cannac à l'Airolles.
On trouve sans trop de peine le départ et effectivement une fois engagé on ne peut pas s'y perdre.
Le premier passage passe déjà limite mais il est rectiligne. Puis commencent une série de chicanes, droite-gauche, haut-bas. On dirait qu'un esprit tordu a conçu cet endroit pour le rendre le plus emmerdant possible! Un détaille m'inquiète. Le sol ne présente aucune trace et a visiblement été recouvert d'eau. Au premier point bas, mon doute se confirme. Une pellicule de glaise est venue remplir le sol sur 5-6 cm et il n'en fallait pas tant pour bloquer le passage. On creuse avec les moyens du bord, chacun avec son descendeur, moi sous mon cul, et Emile qui est passé de l'autre côté un peu plus loin.
Il nous faut au moins 20 min pour rendre le passage tentable, et çà passe vraiment "raz les fesses"...
On pense alors qu'on a fait le plus dur, mais 2-3 chicanes plus loin, dans un nouveau point bas, Emile est dépité. "Tu ne passeras jamais!" Je vais jeter un oeil et ne peut que confirmer son avis. Pas grand chose à creuser ici et les 2 parois, obliques , et juste après un coude ne sont espacées que d'une vingtaine de cm...
Avec l'énergie du désespoir il passe de l'autre côté et s'en va gratter tout ce qu'il peut. Au point où on en est, il faut essayer...Pour la première fois de ma vie, j'enlève ma combi, sentant bien que çà va se jouer à un poil de.... Finalement, la perspective visuelle rendait le passage plus étroit qu'il ne l'était réellement. On retrouve le moral.
La suite est toujours aussi con. D'abord un ressaut quasi vertical hyper fin, duquel il doit être quasiment impossible de remonter, puis un laminoir descendant qu'il faut prendre les pieds devant.
Enfin on arrive au P41! Sans descendeur pour ma part, qui a du rester sur le chantier de désob...
Descente plaisante en 3 tronçons. Dans Airolles, on ne demande pas notre reste et on file vers la sortie qui nous parait presque facile, même chargés de 100 m de cordes.
A ce sujet, une cinquantaine de corde suffit pour la traversée (tronçon max de 20 m environ), et rien d'autre, ce qui, si je l'avais su, m'aurait bien facilité la vie. Ceci dit, une corde de secours peut être une bonne idée...
Une massette aussi, quand on connait la perversité de ceux qui ont laissé des lames affutées en plein milieu du passage!
Evidemment, les amarrages, vieux de 30 ans, ont vécu mais çà reste correct.
Avec le recul, je pense qu'en connaissant le trou (et les positions à prendre à chaque passage), tout se passe correctement, mais c'est une autre histoire quand on le découvre...
Très belle traversée en tous cas. Dommage mais pas de téléphone = pas de photos!