Dimanche 13 Décembre 2020
Trou des Glands Trassanel
Jean Marie
TPST : 6 heures
Foin de contes, mais le dernier article m'a remis en mémoire le Trou des Glands que j'avais oublié. Chantier idéal pour travailler seul, voire à deux.
Lever de soleil sur la plaine audoise |
Sec, propre, je me vois bien passer quelques heures à enchaîner des frappes chirurgicales dans ce bas fond du Minervois.
Hélas c'est sans compter les derniers jours de pluie. La paroi de la salle supérieure suinte bien, mais pas autant que ce que je craignais. Le sol est plein de sable sur une bonne épaisseur. Je descends le boyau sous la salle en question (quelques mètres, 7 ? 8 ?). Là la paroi suinte bien plus, coule même. Le sable au dessus, saturé d'eau, percole et un petit filet mouille le fond du chantier. Je suis comme sous un filtre à café ! A part que je ne suis pas sûr qu'il y ait un bocal vide en dessous, et que le café en question est plus que froid. l'endroit est étroit et je me retrouve vite entièrement couvert d'une boue glacée. Oublié le confort. L'an dernier exactement à la même époque (AG du CDS) je m'étais pareillement congelé à Béranger.
Sous la botte : fond du chantier |
Le fond est bouché. C'est assez désespérant de creuser à l'aveugle. En désob, le moteur ce n'est pas les certitudes mais l'espoir. Et là il n'y a pas grand chose pour fantasmer. Si ce n'est la situation de l'entrée. Je vide les débris des derniers tirs et la tête en bas, à la parisienne. Je dégage un minuscule pertuis de la taille d'une bonde de lavabo. L'espoir renaît. Le filet d'eau (débit approximatif d'une cafetière) s'y écoule avec un joli bruit signant un vide en dessous. Courant d'air ? Pas net, mais la température extérieure proche de 13° n'aide pas.
Il est vite évident que le travail tête en bas ne sera pas très rentable. Je me résous donc à passer la séance à créer une petite poche de retournement. Assez efficacement d'ailleurs. Le calcaire bleu se travaille très bien. Les gaz disparaissent en quelques secondes.
Il reste encore une intervention sur la paroi de gauche pour pouvoir se mettre à genoux au fond et travailler la suite. En me retournant après une dernière plongée tête en bas, j'aperçois un petit orifice à mi pente. Pas d'air, mais j'arrive au burin, à creuser une petite goulotte qui draine les écoulements et permettra j'espère d'assécher le point bas.
A retravailler. Par temps sec.
Petite bière au PC, seul estaminet qui reste ouvert même par ces temps de prohibition.
Pour une fois, la journée ne s'arrête pas là. Au pont de l'Orbiel : barrage de gendarmerie. Un véhicule coté Lastours,, un autre coté Carcassonne. Des flics partout, des voitures contrôlées... 20,84 kms de mon domicile, j'espère qu'ils ne vont pas me faire un fromage pour 800 mètres. Le problème c'est que je n'arrive pas de la bonne direction. Deux types se rapprochent. Je cherche sous le siège mon attestation papier et m’apprête à négocier.
"Bonjour, pouvez vous ouvrir votre coffre ?" Je ne m'attendais pas à cette question. J'aurais du les regarder plus attentivement : la soixantaine, grisonnants, sans uniforme mais avec un gros brassard vert floqué "police environnementale".
"Vous venez de la chasse ? " J'ai la tête couverte de glaise.
"Non, de la spéléo"
"Ou ça ? Qu'est ce que vous avez récolté ?"
Sur le moment je ne comprends pas la question. A part de m'être caillé et pourri le matériel je n'ai pas récolté grand chose. Je dois avoir l'air ahuri.
"Oui, comme minéraux ? Qu'est ce que vous avez pris ?" Là je crois que je m'énerve un peu et lui assure que ce n'est pas vraiment notre occupation.
"Si je fouille vous me promettez que je ne trouverai rien ?"; Une seconde j'ai envie de lui dire de fouiller. Vu l'état des affaires ça pourrait être marrant. Puis j'aperçois le perfo et surtout les tubes de pailles. Dont un est débouché et laisse sortir un dispositif...
Si je veux prendre un bain bouillant rapidement ce n'est pas le moment de faire de l'esprit. Je promets tout ce qu'il veut, le félicite d'être au courant du trafic de minéraux et de son action de contrôle. Et avec son accord, je file aussitôt vers ma zone de déplacement autorisé.
Manière originale de clore cette période confinée.
"police environnementale". ça viens de sortir!
RépondreSupprimerIl feraient bien d'aller foutre leur nez dans le pillage des multinationales en Afrique ou ailleurs, s'ils veulent ce rendre utile!!!!