Purpan, service traumato
TPAL (au lit) : 3j
TPAB (au bloc) : 1+3h
2 cm de première
Rubrique mi spéléo (la cause de tout) mi médicale (pour JMa) mi bricolo (pour JMi) mais qui m'évitera les rabâches ...
En m'excusant pour la forme car tapotée négligemment depuis mon tel près de la ligne de front.
Entrée sous "terre" lundi en fin de matinée et glandouille le reste de la journée. Ça défile sévère dans la 519 mais je ne sors de ma torpeur que pour l'arrivée du maître de cérémonie, l'artiste censé faire mieux que son prédécesseur qui a échoué à l'ablation de la tige métallique qui habite mon fémur depuis maintenant presque 5 ans.
Je prends soin de savoir s'il a bien reçu toute la malette complète cette fois-ci et suis pleinement rassuré lorsqu'il m'annonce qu'en plus, la responsable de ma marque de clou sera présente en chair et en os (si je puis dire...).
Mon enthousiasme retombe lorsqu'il me détaille la marche à suivre digne d'un mode d'emploi Ikea, et j'en viens à regretter de ne pas avoir montré les radios à JMI pour qu'il me confectionne un outil à sa sauce...
Le mardi, réveil à 5h 30 pour la douche pour décollage à 7h30... cherchez l'erreur..."voui mais vous pourrez vous rendormir après la douche." Ben voyons... Surtout agrémenté d'une magnifique nuisette en papier crêpe....
J'explique mes exploits spéléo au brancardier de service, puis arrive sur les lieux du crime (si si) avant l'heure de pointe et suis pris en charge par une équipe fort sympathique.
Ca s'affaire autour de moi et en 30 min, je suis harnaché, hyper connecté, piqué à droite, à gauche, en bas, gazé (à l'O2 pour une fois !)...
Par chance, l'anesthésiste est très affable et très pédagogue. Elle me montre sur l'écho là où elle vient de m'enflier son aiguille pour m'endormir la jambe en plus de l'anesthésisie générale (qui risque de ne pas suffire si ça dure...)... Lorsqu'un cri retentit : "Ne le pique pas ! "
Certes étouffé le cri ou plutôt réfreiné, le genre de cri qui se chuchote avec les gros yeux mais qui en dit long sur les intentions de celui qui le prononce ...
Ça continue en mode murmure mais comme mes oreilles sont la seule partie de mon corps encore libre, j'entends distinctement "le filtre est mouillé, on ne peut pas continuer"
Ça tergiverse un moment, ça s'interroge, ça s'indigne même, mais pendant 20 bonne minutes, je reste pendu à l'aiguille de l'anesthésiste qui s'impatiente "j'envoie ou pas ? "
On finit par m'expliquer que le papier stérile qui recouvre le mâtos est mouillé, ce qui signifie qu'il ne peut plus être sterile et qu'il est donc vivement recommandé de ne pas m'opérer (sinon autant demander à Jmi. ...).
Une fois desequipé, je me retrouve donc en salle de réveil en attendant mon sort. Ceux qui ne sont pas au courant se félicitent de la rapidité de l'opération et de ma récupération rapide... Mais bientôt la rumeur se repend. Les curieux, les navrés, les surpris et même un indigné qui se rebelle contre l'organisation un peu limite et me conseille vivement d'adhérer à son comité d'indignation.
On m'apprend que la malette de bricolage traverse alors la ville à vive allure pour y être de nouveau stérilisée. Si elle revient avant le début d'aprèm, on tente le coup, sinon... on laisse le clou !
A 9h30 je suis remonté dans ma chambre par un autre brancardier (le détail compte)
Midi, mon brancardier du matin refait son apparition. Lui, ne se souvient plus de moi et me repropose une virée en salle de réveil. . .là où ils sont censés m'endormir...
Même trajet, mêmes questions (ah c'est vous le spéléo !), mêmes réflexions sur le sol qui n'est pas droit et qui déporte ma charette ...
A aucun moment il ne demande pourquoi il me redescend une seconde fois...Y aurait-il 2 spéléos ?
Peu importe, on va enfin m'opérer. En salle de réveil, tout le monde dort, sauf moi qui commence à trouver le temps long...Cette fois on me dit qu'on va attendre de bien ouvrir la boite du matos avant de me harnacher et de planter la banderille. J'approuve avec entrain.
A 13h30, nouveau rebondissement, le chirurgien débarque, mi excédé, mi confus. "La boîte n'est pas arrivée, vous pouvez rentrer chez vous, on reprogramme "
"Brancardier !". Tiens, un nouveau ! Qui trouve aussi que le sol penche... Tout le monde me regarde quitter de nouveau la salle de réveil, en peine forme. Ceux qui m'avaient déjà vu passer le matin ne comprennent plus rien, se parlent à voix basse ou viennent me demander des explications.
L'indigné du matin l'est encore un peu plus et me demande fort judicieusement pourquoi on m'à fait descendre avant de recevoir la boîte....
Retour à la chambre. Je tente de m'habiller rapidement (ce qui avec une perfu est assez technique ! ) en m'imaginant déjà pouvoir aller jouer au volley en ce mardi soir, voir la tête stupéfaite de mes coéquipiers.
J'ai l'ambulance au bout du fil quand débarque en trombe le chirurgien qui finalement me propose un nouveau trajet en salle d'opération pour demain 8h. Ah ben ça tombe bien puisque je suis déjà là, perfusé, et enrubanné dans ma seillante et pour le moins aérée camisole violette...
J'implore tout de même de ne pas rester à jeun et suis entendu en regard de mon passé chargé.
Pour la petite histoire, les Spécialistes pensent qu'à cause de la fraîcheur matinale et de la tiédeur des locaux du CHU, de la condensation s'est formée entre le carton et le filtre stérile.... et ça ... c'est pas bien....
Moralité, ne pas se faire opérer quand il fait froid dehors... et chaud dedans.... Ça restreint les possibilités...
Un peu à cran, j'enfile mon jogging et un Tshirt et part faire un footing. 3 pansements, le bracelet de l'hôpital ... on dirait un évadé !
Le lendemain j'ai l'impression de revivre le film "un jour sans fin" ou l'histoire tourne en boucle sur 24h pour le héros.
Le personnel n'est pas le même mais du coup les conversations le sont... des 5h 30. .."vous vous lavez bien avec le savon liquide de l'hôpital, serviette du haut, serviette du bas, camisole....et vous pouvez vous rendormir...."
Je guette le brancardier. Si c'est le même et qu'il me pose les mêmes questions.. .je suis dans un monde parallèle...
Par chance, c'est un taiseux.
J'arrive le premier pour revoir les copains mais presque tout le monde est nouveau. Une tête connue se précipite vers moi en me touchant comme pour verifier que je suis bien reel "je vous avais dit qu'il fallait pas désespérer" Ouais...
Premier arrivé, dernier parti ! Je crains le pire puis reprend confiance lorsque j'entends une infirmière dire "surtout on ne lance pas l'anesthésie avant d'ouvrir la boîte " Donc la boîte est là et la traçabilite de l'hôpital est excellente !
Je passe les détails sur la suite qui en bonne partie sont les mêmes que ceux de la veille... sauf que cette fois je m'endors vraiment.
La salle de réveil porte pour la première fois bien son nom. Premier réflexe, je regarde la pendule. Si ça a duré, c'est pas bon signe... 11h30...
Un rapide calcul pas évident dans ces conditions me donne 3h d'opération... Pas terrible... ex aequo avec le prédécesseur.
Assez rapidement la sentence arrive de la bouche du chirurgien. C'est un échec. Il m'explique 2-3 points techniques mais mon cerveau ramolli ne filtre plus et je me dis fort de mon expérience passée que je demanderai les détails plus tard.
Et bien même plus tard, je ne suis pas sur d'avoir bien tout compris. En gros, et pour parler spéléo :
Premier barrage franchi avec clef spéciale. Deuxième barrage massacré par le prédécesseur (la fameuse vis qui foire). On tente on de passer en force là aussi avec du sur mesure mais ça veut pas. Deuxième option, on perce (mais on ne tire pas ,évidemment, c'est l'ultime option). 9 mèches pétées! Toutes en tungstene ou diamant ! Et je crois qu'ils ont dû arrêter, faute de munitions, avant d'avoir atteint la mi-vis. Les 2 cm de première sont là. De l'autre côté, c'était le grand vide dans l'inconnu, même s'il restait encore à enfourner à un crochet de fortune pour prendre la bête à revers...
Allez, on bouche tout et on se casse... Il ya des chantiers sur lesquels faut pas trop s'obstiner.
Les derniers mots dont je me souviens du chirurgien sont "on est vraiment sortis en sueur..."
Ça atténue un peu mes regrets...
Bon en tous cas on ira plus creuser la-bas, même si je sais qu'on reprend certains chantiers 20 ans apres... si l'enjeu le vaut....
Jmi, si tu dégotes une mèche chinoise qui résiste à tout, peux-tu envisager une reconversion de l'étui en urne funéraire? Je crains qu'autrement ça ne dépasse inesthétiquement....
Sylvain DELABRE
je n'ai qu'un mot: INCROYABLE !
RépondreSupprimerTu as pas un selfie en nuisette crèpe violette ?. Bon, une chose est sure c'est que le matos italien c'est quelque chose ! Du coup tu seras opérationnel rapidement pour tirer les gamates !
RépondreSupprimerPour aller plus loin dans le commentaire de Severine je dirai: ça vaut l'os ...
RépondreSupprimerBon rétablissement
Claire
Mais tout va à vaut l'os ici.A quand les photos d'une coloscopie? Hiiiiiiiiiiiiiii
RépondreSupprimerLe délire ! Du coup t'as pas fini de sonner dans les aéroports ! Bon rétablissement et à bientôt sous terre.
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